Les cyanotypes botaniques sont des impressions végétales aux nuances de bleu profond. Un enchantement qui ouvre un champ des possibles infinis pour créer des œuvres en relation avec le monde végétal et se relier à la nature.
Dans cet article, je vous transmets mes explorations du cyanotype botanique sur différents supports : papier, bois, pierre et tissus. En vous donnant, pour chacun d’eux, des astuces pour aider à la bonne réalisation de vos créations.
J’adore cette technique artistique pour sa beauté et sa simplicité, car elle me permet d’être en lien aux végétaux autour de chez moi. Même les enfants peuvent s’amuser et explorer le monde végétal en créant des cyanotypes botaniques, c’est très didactique.
Qu’est-ce que le cyanotype botanique ?
John Frederick William Herschel a découvert et expérimenté le procédé du cyanotype dans les années 1840. Le cyanotype est un des plus anciens procédés monochromes établis sur la sensibilité des sels de fer à la lumière. Le papier est sensibilisé, à l’abri de la lumière, au pinceau par une solution de citrate de fer ammoniacal et de ferricyanure de potassium. L’impression se fait par contact avec un négatif ou d’autres éléments, comme des plantes, posés sur le papier. Le temps d’exposition à la lumière naturelle dure environ 15 minutes, produisant une modification de la composition des sels de fer. Le papier est ensuite rincé à l’eau pour dissoudre les sels de fer non exposés, puis séché. C’est durant cette opération de séchage que se forme le pigment couleur bleu de Prusse, caractéristique du procédé [1].
Un peu plus tard, Anna Atkins, une botaniste britannique bénéficiant d’une éducation scientifique grâce à son père, a illustré des livres sur les mollusques et créé un herbier avec cette technique[2]. Dès 1843, elle a utilisé le cyanotype, pour réaliser des photogrammes d’algues dans son ouvrage Photographs of British Algae. Consciente de l’importance des illustrations en botanique, elle a ensuite appliqué cette méthode aux fougères, publiant en 1853, Cyanotypes of British and Foreign Ferns. Elle est ainsi devenue une pionnière de la photographie scientifique en rendant célèbre ce procédé monochrome [3, 4].
Le cyanotype botanique sur papier sous multiples formes
Pour le procédé sur papier, il existe plusieurs manières de faire :
- le cyanotype conventionnel
- le cyanotype mouillé
Le cyanotype conventionnel consiste en 4 étapes. Dans la première, on mélange les solutions de sels de fers et on applique le liquide sur le papier, à l’abri de la lumière. Puis, les végétaux sont disposés sur les papiers et exposés au soleil. Les UV vont réagir avec les sels pour créer les pigments bleus. Dans la dernière étape, nous lavons les papiers à l’eau, le bleu se révélant grâce à l’oxydation.
Personnellement, j’aime utiliser les cyanotypes mouillés pour casser les bleus et donner des nuances et des textures supplémentaires. C’est cette technique que j’enseigne dans nos ateliers aux Pléiades.
Ce qui est magnifique, c’est qu’on peut utiliser le cyanotype sous forme de cartes, de marque-pages, de tableaux et même de bijoux. Ici pour la réalisation, des bracelets, j’ai utilisé un papier aquarelle que j’ai collé sur la base d’un bracelet.
Astuce pour nuancer les couleurs : une fois le cyanotype séché, pour avoir des couleurs qui se grisent un peu comme la couleur d’un jeans délavé, j’ai appliqué un vernis acrylique dessus. Ceci va casser le bleu et permettre des nuances qui vont se marier très bien avec certains vêtements. Si vous voulez garder les bleus intactes, il vous suffit de vernir vos cyanotypes avec une colle d’amidon faite maison à base de farine et d’eau.
Les cyanotypes botanique sur bois
Les matières poreuses sont un support pour faire de beaux cyanotypes, le bois s’y prêtant bien. Cependant, chaque bois donnera un résultat différent.
Sur cette image, j’ai utilisé du contreplaqué de sapin qui est un bois tendre, pour avoir un rendu plus subtil, tel un arrière-plan.
Astuce pour le bois :
- Utiliser un bois de teinte claire comme le bouleau, le peuplier ou le pin, permet un meilleur contraste avec le bleu de Prusse du cyanotype.
- Il est important que le bois soit brut (non traité) et bien poncé, idéalement avec un grain autour de 180, afin d’optimiser l’adhérence de la solution.
- Un bois traité ou contreplaqué peut être utilisé, mais les nuances de bleu peuvent varier et être moins durable.
- Les bois durs retiennent mieux la solution en surface, ce qui favorise la réaction aux UV, mais la couleur peut s’estomper plus facilement au rinçage. Les bois tendres absorbent davantage, ce qui peut donner des résultats plus doux. Il est donc recommandé de faire des essais selon le rendu souhaité.
Cyanotypes botanique sur pierre
Les pierres, les coquillages et les céramiques poreuses, sont de merveilleux supports pour les cyanotypes. Néanmoins, il faut bien les choisir pour que l’image finale soit visible et esthétique.
Astuce pour le choix des pierres :
- Il est essentiel de choisir une pierre poreuse et claire comme un galet blanc, grès granuleux ou toute pierre naturelle non polie et non traitée, pour un meilleur contraste avec le bleu. La porosité est cruciale, car elle permet à la solution photosensible d’être absorbée et de bien adhérer à la surface. Pour vérifier la porosité, déposez une goutte d’eau sur la pierre : si elle est absorbée, la pierre convient ; si elle reste en surface, la pierre n’est pas adaptée.
- Utilisez du papier cellophane pour aplatir vos végétaux sur la pierre.
- Pour éviter d’avoir des taches en appliquant le cellophane sur une pierre mouillée, laissez bien sécher la solution avant.
Cyanotypes botanique sur tissus: beaux, mais moins écologiques
Le tissu est une matière merveilleuse pour le cyanotype botanique. Cependant, je ne le pratique plus, car il demande beaucoup de solutions comparées aux autres supports et il est de ce fait moins écologique.
La Fiche internationale de sécurité chimique (ICSCs) du ferricyanure de potassium, l’un des deux produits utilisés dans la solution des cyanotypes, nous apprend qu’il “peut être dangereux pour l’environnement. Une attention particulière doit être accordée aux organismes aquatiques.” Il est noté également de «NE PAS laisser ce produit contaminer l’environnement. Recueillir soigneusement les résidus. Puis stocker et éliminer conformément à la réglementation locale.” [5]
Pour un seul foulard, j’ai dû amener 6 litres de déchet de solution de rinçage à la déchèterie, c’est énorme ! Sur papier, il me faudrait plus de 2 ans pour rassembler cette quantité pour mon usage individuel.
Ainsi, je n’ai pas réitéré l’expérience sur tissus. Je continuerai à faire des impressions sur papier qui produisent beaucoup moins de déchets, tout en veillant à les éliminer correctement à la déchetterie.
Tout ceci est un vaste champ d’apprentissages et d’expérimentations qui me permettent de continuellement me positionner en rapport à mon interdépendance avec la nature et y chercher l’équilibre.
Astuces sur tissus :
- Il est donc recommandé de mettre sa première eau de rinçage à la déchetterie, aux produits chimiques.
- Pour conserver l’intensité des couleurs, évitez de laver le tissu cyanotypé en machine ou avec des détergents agressifs.
- Utilisez un tissu en fibres naturelles et de couleur claire (coton, lin, chanvre) pour de meilleurs résultats.
- Appliquez la solution uniformément à l’aide d’un pinceau large ou d’une éponge sur le tissu posé à plat, idéalement sur une surface lisse et non poreuse comme une planche en bois avec un plastique.
- Pour des contours nets, privilégiez des végétaux plats. Pressez-les bien contre le tissu à l’aide d’une plaque de verre ou de plastique transparent, maintenue éventuellement avec des pinces. S’il n’y a pas de vent, placer un carton que vous enlevez juste avant de l’insoler au soleil.
Voici nos prochains cours de cyanotypes aux Pléiades (Vd, Suisse), dans un cadre enchanteur:
Atelier cyanotypes botaniques Complet
Gare de Lally, Parking, Blonay, Suisse.
Atelier cyanotypes botaniques
Gare de Lally, Parking, Blonay, Suisse.
Atelier cyanotypes botaniques
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Références
[1] Cyanotype, Wikipédia[2] Les femmes dans la Botanique : Anna Atkins, pionnière de la photographie en Botanique. Tela-Botanica.
[3] Anna Atkins, collectionneuse de plantes et de doodles. Le Point.
[4] Anna Atkins’ Cyanotypes of British and Foreign Ferns. 1853. Anna Atkins (British, 1799 – 1871), and Anne Dixon (British, 1799 – 1877).
[5] FERRICYANURE DE POTASSIUM, août 2002, International Chemical Safety Cards (ICSCs)
Coucou !
Je découvre cette technique dont le résultat m’a toujours fascinée 😍 y a-t-il une possibilité potentielle sur du cuir (tannage végétal bien sûr, il est clair que sur du minéral on ne peut rien faire !) ?? Merci en tout cas pour toutes vos recettes et astuces, mon retour à la montagne vous remercie ! ❤️
de l’article
Bonjour Audrey, je n’ai pas encore pratiqué sur le cuir n’ayant pas de chute de cuire, mais oui cela est connu pour fonctionner ! visiblement , ce procédé fonctionne plusieurs artistes et artisans ont expérimenté cette technique, notamment pour des objets comme des tambours ou des accessoires, et partagent des résultats positifs
le cuir doit être propre, sec et, si possible, légèrement poncé pour améliorer l’adhérence de la solution photosensible. Belle expérience à vous, et partagez-nous vos résultats !