À l’heure de l’informatique et des algorithmes sophistiqués, il existe différents moyens pour reconnaître les plantes sauvages de manière simple. À partir d’une photographie prise avec votre téléphone, plusieurs applications se proposent de se substituer à l’expertise d’un botaniste. Si ces applications peuvent être fiables, elles demandent une certaine prise en main.
Article publié en partie dans le journal de phytothérapie “La pharmacie secrète de dame nature”.
Ceux d’entre vous qui sont déjà partis à la recherche de plantes sauvages, que ce soit pour l’aspect comestible, médicinal ou pour le plaisir des yeux, savent qu’il n’est pas toujours aisé de les identifier. Et si vous désirez consommer le fruit de votre cueillette, il convient d’être sûr à 200%. Je vous propose donc d’utiliser les applications décrites en fin d’article selon un protocole en 3 étapes, qui vont vous permettre de valider les résultats obtenus. La botanique est une science complexe qui demande de études longues. Ces applications permettent de prendre des raccourcis, mais elles doivent être utilisées avec discernement.
Mais sachez-le, elles ne permettent pas une véritable détermination botanique, que seule les clés de détermination peuvent fournir.
Les applications de reconnaissance automatique des plantes se distinguent en deux groupes, celles issues de projets scientifiques et celles à vocation commerciale. Je ne vous cache pas que ma préférence va aux premières, même si j’ai aussi obtenu de bons résultats avec les deuxièmes.
Elles fonctionnent bien la plupart du temps. Si le résultat n’est pas toujours le bon du premier coup, la bonne réponse se situe souvent dans les plantes similaires affichées. Elles vous permettront donc de progresser plus rapidement, pour autant que vous preniez des notes de vos observations!
Conseils et avertissements
Les applications de reconnaissance ne permettent pas une détermination botanique sûre à 100%! Elles sont simplement un outil de plus dans votre sac.
Ne consommez pas une plante sortie de votre téléphone!
Quand l’application vous donne un résultat qui vous semble cohérent, ouvrez votre ouvrage de botanique de référence, lisez la description et comparez au spécimen vivant. La description doit correspondre à 100%.
Prenez des notes. Le danger de ces applications est d’enchainer les photos sans prendre le temps d’assimiler. Temps perdu…
3 étapes pour identifier une plante
1. Utiliser l’application correctement
Ces applications sont toutes différentes, mais fonctionnent de la même manière: vous prenez une photo, qui est envoyée sur un serveur et comparée à une base de données composée d’autres images. Une fois la photo prise et envoyée, l’application affiche une liste de plante avec photos et dans certains cas une description de celle-ci.
Les clichés doivent donc être de bonne qualité et nets. Je vous recommande de faire ressortir le sujet de l’arrière-plan en zoomant, et en essayant de prendre ses signes distinctifs. Si vous prenez une fleur, faites en sorte qu’il n’y en ai pas d’autres espèces en arrière plant. Le zoom permet aussi d’affiner la netteté.
Si vous avez les fleurs à disposition, elles améliorent la détermination.
2. Comparer le résultat avec un ouvrage de référence
Lorsque vous faites un test sur une plante connue, il est facile de savoir si le résultat est correct. Mais cela se complique quand vous l’utilisez avec une plante inconnue, surtout si vous souhaitez consommer la plante par la suite.
L’étape de validation par un ouvrage reconnu est donc primordiale. Prenons un exemple. Imaginons que le résultat donné par l’application soit le liondent d’automne (Leontodon autumnalis). La démarche consiste à chercher cette plante dans un de vos ouvrages (ou avec la description fournie dans l’application) et de comparer sa description à la plante que vous avez devant vous. Et les deux doivent correspondre à 100%, sinon le résultat est probablement mauvais.
Voici les données à comparer:
- Premier test rapide en comparant les deux photographies: elles doivent correspondre.
- Lire la description et comparer: la couleur des fleurs, la forme des feuilles, l’épaisseur de la tige…
- Le milieu est-il le même: sec, humide, forestier, montagnard?
- La taille de la plante est-elle la même?
- La période de floraison est-elle la même?
Si toutes ces informations correspondent à la plante que vous avez devant vous, le résultat est probablement correct, surtout si la note fournie par l’application est élevée.
3. Prendre des notes
Le risque de l’utilisation de ce genre d’application est de trop les utiliser et de ne pas mémoriser. La botanique ne se résume pas des à noms de plantes, et si vous en restez là, vous ne comprendrez pas pourquoi le liondent n’est pas un pissenlit.
Pour cela je vous suggère de prendre des notes dans un carnet et de faire un herbier.
Vous pouvez y inscrire:
- le nom en français
- le nom latin
- la famille
- le milieu
- les propriétés médicinales
- les recettes que vous avez réalisées
Vous comprendrez ainsi petit à petit ce qui relie les plantes entre elles et consoliderez votre savoir!
4 applications de reconnaissance
Flora Incognita
Ce projet allemand débuté en 2014 a reçu le prix des Nations Unies “Un Decade of Biological Diversity”, qui récompense les projets travaillant à la conservation de la biodiversité. Cette application permet de déterminer environ 4800 de notre flore européenne. Et si le design est moins léché que celui des trois précédentes, je trouve le processus mieux conçu.
Flora Incognita se démarque d’une part par son processus de détermination en plusieurs étapes. Durant la première, vous prenez une photo de la fleur, le résultat et un pourcentage s’affichent. Si l’algorithme n’arrive pas à déterminer la plante, l’application vous demande une photo de feuille, et s’il n’arrive toujours pas il vous demande une photo des fruits. Ce processus en étapes est unique et je trouve la démarche rigoureuse.
Autre point fort, les descriptions incluses sont très complètes et contiennent même les informations de toxicité et de comestibilité, ce qui est vraiment pratique pour les cueilleurs herbalistes. Les descriptions proviennent de l’excellent site “Plant for a Future”.
Pl@ntNet
C’est la première arrivée sur le marché et la plus connue et elle est gratuite. Le projet lancé en 2009 par des scientifiques et un consortium d’instituts français permet d’identifier plus de 18000 espèces à travers le monde.
Elle est facile d’utilisation et permet une reconnaissance efficace dans de nombreux cas. Une note (de 1 à 5) permet de savoir si l’algorithme semble fiable ou non.
Si la dernière grande mise à jour lui a donné un coup de frais au niveau de la prise en main, je trouve dommage que les développeurs aient enlevé la possibilité d’envoyer plusieurs photos de la même plante, dommage car cela permettait d’affiner la détermination.
Picture This et Plant Snap
Je regroupe ces deux applications, similaires dans le contenu, le design et les résultats obtenus. Les deux sont payantes et sont développées aux Etat-Unis. Leur ergonomie est très bien pensée et une carte permet de voir les identifications par les autres utilisateurs proches de vous. Bien vu!
Je les trouve cependant moins fiables, du moins pour les plantes sauvages européennes, probablement à cause du fait que leur banque d’image semble majoritairement constituée de plantes ornementales et non indigènes.
Conclusion: quelle est la meilleure application de reconnaissance?
Nous faisons souvent des tests entre Flora Incognita et PlantNet durant mes cours. Et la balance penche souvent pour la première: elle est souvent juste, et le pourcentage (la note) est souvent plus élevée. J’ai l’impression que PlantNet est souvent moins sûre d’elle.
Par exemple avec l’image ci-dessous. Il s’agit d’une valériane officinale. La qualité n’est pas exceptionnelle, pour tester le résultat. Flora Incognita nous donne une note de 94% et PlantNet 0.79/5.
Bien sûr, il faudrait faire de nombreux test pour les départager véritablement. N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires!
Précautions
Rappelez-vous, si vous avez le moindre doute, abstenez-vous de consommer une plante, car il existe de nombreux végétaux toxiques et mortels dans notre flore.
Merci ! Très intéressant.
Bonjour Bernard,
Merci de votre retour!
Amitiés,
Michaël
Merci beaucoup pour ces études comparatives. Je vais choisir Floira incognita.
Brigitte
Bonjour Brigitte,
N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences!
Amitiés
Michaël
merci beaucoup pour vos commentaire et vos recherche malheureusement il y a beaucoup de gens qui s intéresse pas assez de tout se que peu leur offrit la nature cordialement
Bonjour Camilleri,
Effectivement, c’est la raisons de nos activités.
Amitiés
Michaël Berthoud