Le carvi ou cumin des prés: cueillette et utilisation

Petite apiacée des prairies de montagne, le carvi (Carum carvi), n’a rien à envier aux épices provenant de lointains pays. Cette plante, que l’on appelle aussi le cumin des prés, est tout aussi intéressante en cuisine que son homonyme. Il est d’ailleurs très abondant dans les alpes… Découvrez comment le reconnaître !

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CARVI
Cumin des prés
Nom latin Carum carvi
Famille Apiacées (anciennement ombélifères)
Floraison mai-août
Milieux Prairies, pâturages
Altitude Jusqu’à 2200 m
Abondance Localement abondante
Parties utilisées Racines, Feuilles et fruits
Cueillette des fruits juillet août

Comment reconnaître le carvi

Le carvi, Carum carvi, est une plante à fleur blanches, de la famille des apiacées (ombellifères). Dans cette famille, il fait partie des plantes qui ont des feuilles finement découpées. On parle de feuilles 2 à 3 fois pennées. Les segments sont fins et terminés en pointe (acuminés). Les feuilles restent de taille modeste, environ une vingtaine de centimètres de longueur et se confondent facilement avec le reste de la végétation. C’est donc une plante discrète, un peu plus facile à trouver au stade de fleurs et de fruits.

Sa tige est cylindrique et parcourue par de fins sillons. Celle-ci devient de couleur rougeâtre durant et après la floraison, ce qui peut aider à le reconnaître parmi les graminées environnantes généralement plus grandes que lui.

Les fruits ressemble à des fruits de fenouil, avec une forme plus circulaire. Ils sont d’abord vert puis brunissent en séchant.

Le truc de la croix

Il existe une astuce qui permet de le différencier d’autres apiacées, notamment toxiques. Observez les petites divisions de part et d’autre de l’axe principal et vous observerez une petite touffe de feuille formant une croix fourchue. Cette petite touffe est typique du carvi et permet de le différencier de la plupart des apiacées toxiques ou comestibles.

Où trouver du Carvi en Suisse et en France

Infoflora nous indique que le carvi est une plante commune non protégée en Suisse. Observez bien la carte, remarquez qu’il est moins présent sur le plateau suisse. C’est effectivement une plante abondante en moyenne montagne, dans les pâturages et prairies grasses, où les sols ont été enrichis en matière organique au fil des siècles par le bétail.

Concernant la France, il sera surtout présent dans la partie orientale du pays. Il est quasi absent du littoral atlantique et méditerranéen. Il n’est pas protégé (à par Outre-mer), mais il est toutefois menacé et en danger dans certaines régions (Midi-Pyrénées, Picardie, Bourgogne, Champagne-Ardenne…). Mieux vaut donc faire un petit tour par l’onglet Statut de l’INPN pour savoir si c’est le cas près de chez vous et éviter de le récolter. Nous vous expliquons comment faire ces recherches en détail dans notre formation en ligne à paraitre prochainement!

Risques de confusion

Heureusement, dans ces zones d’alpages, il existe peu d’autres apiacées à feuilles finement découpées. Le guide Delachaux des plantes comestibles et toxiques nous indique qu’il peut être confondu avec le fenouil des alpes, Meum athamanticum. Il est cependant très rare en Suisse, donc les risques sont faibles. En France, il est surtout présent dans le massif central.

Le cueilleur débutant pourra confondre le carvi avec l’achillée millefeuille, dont les feuilles sont également finement découpées. Aucun danger puisque cette dernière est également comestible. Ses feuilles sont plus allongées et font 3.5cm de largeur maximum, alors que celles du carvi ont une forme plus triangulaire.

Concernant les risques avec les ciguës dont certaines sont très dangereuses, ils nous semblent faibles car leurs écologie ne sont pas les mêmes. Dans tous les cas, le trucs de la touffe de poils fera la différence puisque les ciguës ne l’ont pas (cf image ci-dessous).

Je n’ai personnellement jamais observé de carvi à côté d’une autre apiacée mortellement toxique. Cela ne veut pas dire que cela ne peut se produire, mais le risque me semble limité.

Reconnaître le carvi sur le terrain

Les informations que je donne ici sont le fruit de mon expérience, que je partage sur le terrain dans des cours sur les plantes sauvages comestibles et médicinales. Si vous n’êtes pas sûr de vous ou que vous désirez vous perfectionner, suivez-moi, j’organise des cours régulièrement.

Récolte et utilisation culinaire du carvi

Ses fruits sont la partie la plus utilisée. Ils sont fortement aromatiques et rappellent le cumin, que vous avez certainement dans votre cuisine. Alors, pourquoi ne pas vous mettre au carvi?

Vous pouvez récolter les fruits encore verts, ils ont alors un petit goût d’agrume en plus, ou attendre qu’ils soient secs pour un goût plus proche du cumin.

La récolte commence en juillet et dure jusqu’en août selon les région et les altitudes. N’oubliez pas les règles de cueillette durable, ne récoltez par plus de 1/4 d’une population de plantes.

Mais n’attendez pas trop longtemps, car les vaches s’en délectent! C’est certainement un des secrets du goût incomparable des fromages d’alpages.

Vous utiliserez donc ces fruits de la même manière que le cumin, comme condiments dans vos plats mijotés par exemple ou comme dans cette délicieuse recette de sablés:

Sablés apéro floralie aux graines de cumin sauvage (carvi)

Voir la recette

Les racines et les feuilles sont également comestibles. Les premières à la manière de la carotte sauvage et les seconds en légume. J’avoue ne pas les avoir utilisés pour l’instant.

Propriété médicinales du carvi

Selon Fournier, il était déjà connu en Europe par certaines peuplades préhistoriques, mais était inconnus des premiers grands noms de la phytothérapie (Dioscorides, Pline etc…). C’est au moyen âge qu’il réapparait, sans toutefois tenir une place très importante comme plante médicinale. Il était utilisé dans les troubles digestifs, flatulences, diarrhée, le manque d’appétit, fièvres ^[1]. Dans la médecine iranienne traditionnelle, on l’employait également en cas d’épilepsies ^[2].

Des études plus récentes ont révélé des propriétés antimicrobiennes, antidiabétiques, diurétiques, antiulcérogènes, hypolipidémiques, comme protecteur des reins ^{[3, 4, 5, 6]}.

Le Carum carvi est également étudié pour ses propriétés biostimulantes. C’est-à-dire qu’il est utilisé pour augmenter l’efficacité d’autres plantes ou médicaments ^[7].

Les informations données ici peuvent ne pas être suffisantes pour déterminer ou utiliser une plante avec sécurité. N’oubliez pas, au moindre doute, abstenez-vous ! Faites-vous conseiller par un guide professionnel, achetez de bons ouvrages de référence et utilisez les applications de reconnaissance par photographie avec discernement. Sachez que nous organisons des cours sur les plantes sauvages comestibles, médicinales et toxiques régulièrement.