Plantes sauvages dans cet article:
Arbuste résineux faisant partie de la famille des cupressacées, le genévrier, Juniperus communis, est commun en Europe, de la plaine à la montagne, dans les landes et les pentes sèches et ensoleillées. Surtout connus pour aromatiser la choucroute, son parfum délicat aromatise à merveille plats et boissons.
Genévrier commun
Juniperus communisFamille Cupressacées
Floraison Avril-mai
Milieux Forêts, pentes sèches, garides
Altitude 0-2200 m
Abondance Localement abondante
Parties utilisées Aiguilles et bois (toute l’année), cônes (automne)
Propriétés médicinales Diurétique, Anti-rhumatismal, Antiseptique, Dépuratif.
Comment reconnaître le genévrier?
Le genévrier commun, Juniperus communis (InfoFlora, TelaBotanica), est un arbuste pouvant mesurer jusqu’à 3m de hauteur. Ses feuilles en forme d’aiguilles toujours vertes sont pointues et très dures, verticillées par trois et parcourues d’une ligne blanche sur la face inférieure. Facile à reconnaître car il pique vraiment très fort!
Ses fruits ont la particularité d’être des cônes, tout comme les pommes de pin, sauf qu’ils ressemblent… à des baies. Appelées baies de genièvre, elles deviennent bleu foncé à maturité et sont parcourues d’une fine pellicule cireuse blanchâtre appelée pruine. Celle-ci a un rôle protecteur contre les parasites et la chaleur, et se retrouve également sur les prunelles sauvages, les prunes et les pruneaux. C’est cette pruine qui différencie une récolte de baies sauvages de celles achetées en supermarché (ces dernières sont sèches et sans pruine).
Vous remarquerez que tous les genévrier ne produisent pas ces fameuses baies de genièvre. Effectivement, le genévrier commun est une plante dioïque, ce qui signifie que certains individus sont mâles et d’autres des femelles. Or, ce sont ces derniers qui produisent les baies.
En montagne, il se rencontre surtout sous sa forme naine de buisson épineux: le genévrier nain (Juniperus communis subsp. alpina Čelak.). Il ressemble alors à un buisson rampant ne dépassant généralement pas 50cm de hauteur.
Les baies sont sucrées et âpres comme en témoigne son nom. Effectivement, le nom latin Juniperus, à l’origine de genévrier, proviendrait du celtique Juneperus signifiant “âpre”.
Risques de confusion avec d’autres genévrier
Il existe d’autres espèces de genévriers, dont le genévrier sabine (Juniperus sabina) et le genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus), aussi appelé cade.
Le premier est un arbrisseau des montagnes dont l’essence des rameaux est répulsive et toxique. Il a été utilisé par le passé comme abortif causant de nombreux accidents, souvent d’origine suspecte selon l’auteur Fournier. Il se distingue par ses aiguilles, collées aux rameaux donnant l’apparence d’écailles.
Quant au cade, ses baies ont été utilisées de la même manière que le genévrier commun. Il est surtout connu pour le goudron retiré de bon bois que l’on nomme huile de cade. Il pousse principalement autour du bassin méditerranéen.
Récolter les baies de genièvre
Les fruits mettant deux ans pour arriver à maturité, on rencontre des verts et des mûrs sur le même rameau. Ils deviennent sucrés et sont alors prêts à être récoltés un. On les choisit noirs, luisants et pesants.
Celui ou celle qui a déjà essayé de récolter des baies de genièvre commun s’est forcément demandé comment s’y prendre, tant les aiguilles sont piquantes. Il est impossible de les récolter à la main sans se faire mal. La méthode consiste donc à attendre la saison de récolte, qui a lieu d’octobre à novembre, de tendre un linge sous l’arbuste et de le secouer avec un bâton. Les baies vont ainsi naturellement tomber dessus et l’on évite ainsi de se piquer. Blanche, une lectrice du blog nous donne son truc: elle dispose un parapluie sous l’arbuste au lieu du linge. “C’est plus pratique en pente et tache moins”.
Les aiguilles de la sous-espèces naine de montagne sont beaucoup moins piquantes. C’est celle que je récolte en général. Mais il faudra souvent marcher longtemps avant de les atteindre car il pousse haut en altitude, souvent à partir de 2000m.
Usages traditionnels
Le genévrier peut se targuer d’un usage ancestral comme diurétique, sudorifique, dépuratif, tonique et stomachique. Baies, rameaux et cendres… bref, quasi toutes les parties de l’arbuste ont été utilisées à des fins médicinales ou cultuelles.
Certains écrivains anciens comme Léonard Fuchs (1543) y voyaient un remède universel et Matthiole (1554) nous livre une recette de bain aux baies de genièvre pouvant selon lui, produire des guérisons merveilleuses. “J’ai vu, dit-il, des goutteux perclus et cloués au lit, sortir de ce bain ingambes et reprendre leurs occupations habituelles.”
La fumée de son bois avait, dit-on, la propriété d’éloigner les démons responsables des maladies, d’écarter les influences malfaisantes et néfastes ou encore de renforcer l’attention et l’éveil. Durant les épidémies de peste, de grands feux étaient allumés dans les villes, la fumée du bois ayant la réputation d’être antiseptique.
Le genévrier, principalement les baies, est encore utilisé de nos jours et de récentes études démontrent que la tradition n’est pas éloignée de la science.
Propriétés médicinales du genévrier commun
Ses propriétés diurétiques et antiseptiques sont utilisées en cas de calculs biliaires et rénaux, d’inflammation de la vessie, de goutte et de rhumatismes.
Digestives, les baies tonifient l’estomac et excitent l’appétit, elles sont donc efficaces en cas de digestion lente et de flatulences, comme en témoigne son utilisation dans de nombreuses liqueurs. À doses élevées, elles donnent à l’urine une couleur violette.
Les études démontrent également des propriétés anti-inflammatoires, antifongiques, anti-microbiennes, antidiabétiques, hépatoprotectrices, antioxydantes… bref, ne sommes-nous pas loin de la panacée décrite par les anciens?
Teinture médicinale aux baies de genièvre
Équipement
- 1 Bocal
- 1 filtre à café en tissus
- 1 support pour filtre à café
Ingrédients
- 100 gr Baies de genièvre
- 200 mL Alcool 96° Ou à 70°
Instructions
- Récoltez les baies fraiches ainsi que les feuilles terminales.
- Placez-en 100g dans un bocal et recouvrez de 200ml d’alcool à 90°. Vous pouvez également utiliser des baies séchées et un alcool à 70°.
- Laisser macérer 2 semaines en mélangeant chaque jour. Prenez garde à ce que la plante ne soit pas au-dessus du niveau d’alcool.
- Filtrez avec un filtre à café en tissus et conservez au frais et à l’abri de la lumière.
- Prendre 15 à 20 gouttes avant ou après un repas, diluées dans un doigt d’eau ou dans une infusion.
Notes
Précautions
Son utilisation doit toutefois être limitée dans le temps, puisque son ingestion en trop grande quantité peut s’avérer irritante pour les voies urinaires. Elle est contre-indiquée aux femmes enceintes et en cas d’insuffisance rénale.Une odeur fantastique pour les encens naturels
Le bois et les aiguilles de genévrier ont une odeur puissante et aromatique. Sa fumigation est dite protectrice. Elle est chaude et réconfortante. La sciure de son bois peut donc être utilisé dans la fabrication d’encens naturel.
De manière simple, disposez quelques aiguilles sur un brûleur à huiles essentielles (prudence!) et une douce odeur parfumera votre maison.
Cuisine locale et sauvage
Comme pour toutes les plantes sauvages, les baies fraichement récoltées par vos soins auront beaucoup plus de saveurs que celles des commerces. Si j’ai le bonheur d’en croiser sur mon chemin durant la bonne saison, je ne peux m’empêcher d’en manger quelques-uns comme des bonbons. Ils sont sucrés et délicieux!
Pour la plupart des gens, les baies de genièvre sont associées à la choucroute, qu’elles sont censées rendre plus digeste, mais elles parfument bien d’autres plats et liqueurs. Le gin par exemple, cette boisson apparue au 17e siècle et appréciée dans les pays du nord, est aromatisée avec des baies de genièvres et de l’angélique, une autre plante commune en Europe dont les racines sont très aromatiques.
Comme tous les fruits sauvages, les baies peuvent être fermentées dans de l’eau sucrée. Après quelques jours, cette fermentation produit une boisson légèrement alcoolisée dont le parfum est très agréable. La fermentation est rendue possible par la présence de levures, naturellement présentes dans les baies. Celles-ci se trouvent sur la peau, précisément dans la fameuse pruine.
Suivez-donc mon conseil de cueilleur: ne touchez pas trop les fruits pour ne pas enlever cette fine pellicule si vous désirez faire la recette suivante.
Précautions d’usage
Son utilisation doit toutefois être limitée dans le temps, puisque son ingestion en trop grande quantité peut s’avérer irritante pour les voies urinaires. Elle est contre-indiquée aux femmes enceintes et en cas d’insuffisance rénale.
Références
- A Phytopharmacological Review on a Medicinal Plant: Juniperus communis, Souravh Bais et al, Int Sch Res Notices. 2014; 2014: 634723.
- Infoflora, Juniperus communis, https://www.infoflora.ch/fr/flore/juniperus-communis.html
- Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Omnibus.
- Petit Larousse des plantes qui guérissent, Larousse.
Merci pour cet article, je comptais justement en faire la cueillette mais je n’avais pas pensé à m’en servir d’encens.
Pour la récolte des baies je remplace le linge par un parapluie ouvert, c’est particulièrement pratique pour les terrains en pente et plus facile à nettoyer !
Bonjour Blanche,
Merci de votre message et du truc du parapluie. Je rajoute à l’article 😉
Amitiés
Michaël
Bonjour, j’ai un petit genévrier et cette année il est rempli de baies, je vis dans le sud Aveyron mais je ne savais pas à quel moment les récolter. Votre article est très intéressant. Merci !
Avec plaisir 😊
Bonjour,
J’ai découvert votre article 1 heure trop tard.
J’ai cueilli des baies mais elles sont vertes.
Que puis je en faire ?
Si je comprends bien, les baies vertes seront mûres l’année suivante c’est ça ?
Merci
Fred
Bonjour Fred,
Goûtez-les et si elles vous plaisent utilisez-les normalement! Dans certains cas, les fruits verts peuvent être conservés dans le vinaigre, lactofermenté, cuits… il faudra faire des expérimentations ^^
Redites-nous si vous trouvez quelque chose de sympa!
Amitiés
Michaël
J’ai découvert depuis peu que partout autour de ma nouvelle habitation il y a plein de genévriers. Merci pour vos explications !
Génial vous êtes chanceuse! 🙂
Bonjour !
J’ai une question : je viens de trouver sur le marché un tout jeune genévrier, mais le vendeur a été totalement incapable de me dire s’il était mâle ou femelle !
Nous sommes fin Juin > pas près de voir des fleurs dessus !
J’ai quand même l’intention de le planter !
A l’Automne, car ici, au Sud du Portugal, la terre est dure en Eté !
Auriez-vous un “truc” pour reconnaître les mâles et les femelles ? pour ma prochaine rencontre… 😉
Merci d’avance !
G. M.
Bonjour Maddalena,
C’est une très bonne question. Malheureusement, je ne connais aucun truc pour les reconnaître sans les baies ou les fleurs. Il faut pouvoir différencier les fleurs mâles des cônes femelles:
mâles: https://larastock.com/deposit-photo-435796518/?url=search/juniperus/
Il faudra être patiente ^^
Michaël
Merci quand même : j’attendrai le Printemps
vous devriez voir des fruits cet automne déjà, voir cet été ^^ sauf s’il est encore trop jeune…
Nous avons un genévrier au jardin. Je le taille pour faire des bâtons de fumigation.
Cette année c est la1ere fois que j y voit des baies. Nous l avions taillé il y a 2 ans. De nouveau Taillé prochainement. Ici il gele déjà.
Cependant les baies sont très peu présentes. Puis je lui mettre de la corne au pied comme engrais ?? Le propriétaire avant nous n avait rien fait au jardin durant 6ans… mon conjoint fait des crises de gouttes qu’elles parties utilisé pour ça.
Merci infiniment pour votre article.