Plantes sauvages dans cet article:
Voici une recette d’un onguent à la résine de pin dont les propriétés antibactériennes seront de grand recours durant l’hiver. Dans la découverte des substances naturelles présentes autour de chez moi pour ma pharmacie naturelle, la résine a une place particulière. Cela fait longtemps que je les récolte pour en préparer de l’encens et il était donc logique que j’en teste une préparation pour profiter de ses propriétés médicinales.
La résine, c’est quoi?
La résine, c’est comme le sang de l’arbre. C’est une sécrétion que les conifères produisent pour se protéger et éviter les infections de parasites: champignons, bactéries, insectes… après avoir été blessés. En coulant de l’arbre, elle devient dure et amorphe. Elle ressemble à de l’ambre, elle est insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’alcool, l’huile, l’éther et les huiles essentielles.
La résine contient principalement des terpénoïdes, des flavonoïdes et des acides gras [6-7]. Le tiers de son poids est constitué en huile essentielle et Fournier nous dit que les propriétés d’une résine sont les mêmes que celles de son huile essentielle, mais moins forte, puisqu’en concentration plus faible [1]. Donc pour connaître les propriétés d’une résine, cherchez celles son HE !
On l’appelle également térébenthine. Lorsqu’elle a été chauffée, la partie insoluble et dure s’appelle colophane et la partie liquide et odorante s’appelle essence de térébenthine.
Il existe plusieurs types de résines:
Oléo-résine si elle est associée à des huiles essentielles: pins, sapin.
Gommes-résines si elle est associée à une gomme soluble dans l’eau: aloé, myrrhe, oliban.
Baume si la résine résine est associée à des essences et des acides aromatiques: baume du Tolu, benjoin, styrax.
Bienfaits de la résine de pin
Par souci de simplicité, je vais principalement vous parler ici des propriétés de la résine de pin.
La résine du pin sylvestre (Pinus sylvestris), mais également celles des espèces cousines pinea, nigra et brutia ont des propriété antimicrobiennes et antifongiques [2] qui en font une substance intéressante pour la réalisation d’un onguent.
Les résines de pin, notamment le pin blanc d’Amérique du Nord, ont été utilisées par voie externe par les peuples premiers pour désinfecter les plaies et favoriser l’extraction des impuretés d’une blessure. Michael Moore commente ainsi la propriété de nettoyage des impuretés:
“L’acide abiétique des résines stimule la circulation, augmente l’inflammation et accélère notablement la réponse aux corps étrangers; le pus et les fluides sont sécrétés plus rapidement que sans application, et le corps étranger va sortir le jour suivant” [3].
Elle peut également être frictionnée contre les douleurs rhumatismales, les ulcérations de la peau et les engelures crevées [1].
Comme remède d’hiver la résine était utilisée dans les maladies des bronches comme les bronchites chroniques. La prise par voie interne, en infusion ou en mâchant un morceau est également intéressante puisqu’elle assainit les muqueuses et facilite l’expectoration en s’accrochant au mucus [3].
Fournier nous explique finalement que les propriétés des résines de tous les résineux sont similaires. Si c’est majoritairement les pousses de pin que l’on trouve en herboristerie, c’est vraisemblablement parce que celles-ci sont plus grandes, donc que le rendement est meilleurs. Vous pouvez donc utiliser les résines de différents conifères pour cette recette: sapin, épicéa, pin…
Récolte durable de résine
La récolte de la résine doit se faire de manière raisonnée, puisque l’arbre en a besoin pour éviter les infections. Ne récoltez que ce qui coule autour de la blessure. Rechercher un arbre avec une belle balafre, vous constaterez que le surplus peut être conséquent!
La résine peut être plus ou moins liquide selon son âge. Les morceaux durs sont plus faciles à prendre. Je vous conseille d’utiliser une petite boite avec du papier sulfurisé à l’intérieur pour éviter qu’elle ne colle partout et un couteau épais du genre couteau à huitre.
Où acheter de la résine?
Vous pouvez trouver de la résine sur les sites de vente de matériel de peinture, puisqu’elles sont utilisées comme liant dans pour peindre à l’huile. Attention cependant, on vous vendra de la résine purifiée, la colophane, et non une résine brute. La colophane ayant été chauffée, elle aura perdu une bonne partie de ses huiles essentielles et donc de ses propriétés… mais c’est tout de même une substance qui peut être intéressante si vous n’avez pas l’occasion de la récolter vous-même.
Le gemmage est le nom donné à la récolte professionnelle de résine de pin. Cette activité, autrefois très importante, est tombée dans l’oubli. C’était sans compter quelques irréductibles qui tentent de relancer cette activité sur sol français, comme D&P Green, qui produit et distille de la résine.
Comment utiliser cet onguent à la résine?
Nous l’avons principalement utilisé comme onguent pectoral en hiver, frictionné sur la poitrine. L’odeur est magnifique: aromatique, chaude et dynamique. Un peu trop même, il peut être dérangeant pour s’endormir si vous êtes sensibles aux excitants. Préférez l’utiliser durant la journée.
Bien que la résine soit antibactérienne, prenez garde sur une plaie ouverte, puisque les matières grasses peuvent empêcher la cicatrisation de la plaie.
Nous n’avons pas eu l’occasion de le tester sur les rhumatismes. Si vous en avez l’occasion, dites-le nous en commentaires!
Une variante avec du miel
Je vous partage le retour très intéressant d’une lectrice du blog:
Merci pour tous vos précieux conseils et astuces tellement précieux. Je recherchais comment récolter la résine de pin pour refaire l’onguent de cicatrisation qu’une personne âgée m’avait fourni en Valais [ndrl: en Suisse], une vieille recette de grand-mère comme on dit ! J’ai même sauvé la vie d’un pogona qui allait être euthanasié à cause de sa queue infectée car le véto n’avait plus de solution, avec cette recette !
Sylvie
Je voulais juste vous faire aussi à mon tour profiter de mon expérience, dans la recette de cette dame la résine est mélangée à du miel. Cela fait sortir l’infection et cicatrice c’est juste miraculeux, même pour des cas désespérés ! Là je soigne un abcès à mon chien avec ça, encore une fois c’est juste incroyable comme ça fonctionne bien.
Bien à vous
Faire un onguent à la résine de pin
Équipement
- 1 boite couverte de papier sulfurisé
- 1 couteau épais (pour huitres)
- 2 Casseroles pour bain-marie
- Passoire
- Filtre à café en papier non-blanchi avec support
Ingrédients
- 6 gr résine de pin
- 21 mL huile d'olive Première pression à froid
- 2 gr cire d'abeille
Instructions
Récolte de la résine de pin
- Munissez-vous d'une petite boite couverte de papier sulfurisé.
- Partez en recherche d'un résineux blessé (pin, sapin, épicéa).
- Ne récoltez que ce qui coule autour de la blessure!
1er bain-marie
- Préparer les 2 casseroles pour faire un bain-marie.
- Placer la résine et l'huile dans la casserole et chauffer à feu doux. Une partie de la résine va se dissoudre. Il va rester de nombreuses impuretés. Astuce: La résine peut prendre du temps à fondre. Pour accélérer le processus, vous pouvez congeler votre récolte puis la réduire en poudre au mortier avant de faire le bain marie.
- Filtrer les grosses impuretés avec la passoire. Puis, passer le liquide à travers le filtre à café en papier pour enlever le reste.
2e bain-marie
- Nettoyer la casserole et préparer la pour un 2e bain-marie.
- Mélanger l'huile avec la cire d'abeille et chauffer doucement. Vous devrez monter à 65°C pour la dissoudre complètement.
- Une fois la cire complètement dissoute, verser dans un contenant, attendre qu'il refroidisse avec de le fermer.
Notes
Références
[1] Fournier, Diccionnaire des plantes médicinales et toxiques de France[2] Vilanova, C., Marín, M., Baixeras, J., Latorre, A., & Porcar, M. (2014). Selecting microbial strains from pine tree resin: biotechnological applications from a terpene world. PloS one, 9(6), e100740. https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0100740
[3] Moore, M. (2003). Medicinal plants of the mountain west. Santa Fe, NM: Museum of New Mexico Press.
[5] Kızılarslan, Ç., & Sevg, E. (2013). Ethnobotanical uses of genus Pinus L.(Pinaceae) in Turkey. http://nopr.niscair.res.in/bitstream/123456789/16860/1/IJTK%2012(2)%20209-220.pdf
Avertissement
Les informations communiquées dans cet article le sont à titre informatif uniquement. Nous ne sommes ni médecins ni thérapeutes, et ne pouvons donner de conseils de santé. Ces informations ne peuvent se substituer à un avis médical.