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Ortie Dioïque : Guide de Récolte et Utilisation Pratique

Plantes sauvages dans cet article: 

Michaël Berthoud
/
16 juillet 2018

Aïe! Ca fait mal! Encore une piqûre… J’étais en train de cueillir de jeunes pousses de stellaire et je ne l’ai pas vue. Cette petite feuille d’ortie qui attendait tranquillement ma venue entre les autres herbes. C’est toujours de cette manière que l’ortie me pique, à l’imprévu, sans crier gare. Heureusement, un cataplasme de feuilles de plantain fraichement cueilli et rapidement appliqué supprimera la démangeaison.

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Article publié en partie dans le journal de phytothérapie “La pharmacie secrète de dame nature”.

ORTIE DIOIQUE
Ortie commune, grande ortie
Nom latin Urtica dioica
Famille Urticacées
Floraison Juin-septembre 
Milieu Décombres, broussailles, sols riches en matières organiques
Cueillette des feuilles Quasi toute l’année
Récolte des racines A l’automne ou au besoin.

Qui aime bien châtie bien !

Que de souvenirs d’enfance douloureux elle aura laissés… un cache-cache en short qui finit dans un champ d’orties, et c’est le drame ! Ces moments semblent si traumatisants que même les adultes les plus braves la redoutent ! Mais je crois qu’elle nous aime bien. C’est sa manière à elle de nous montrer son affection. Elle est simplement un peu caractérielle…

D’ailleurs, nos ancêtres ne se sont pas trompés car elle a été à nos côtés depuis des temps reculés. Une précieuse alliée, tant comme aliment que comme médicament.

Ortie dioïque de l'herbier de Leonard Fuchs

L’ortie a tellement à nous offrir ! C’est une plante si nutritive qu’elle mériterait plus de place dans nos assiettes. Commune dans toute l’Europe, on la trouve également en Asie et aux États-Unis, où elle aime les sols frais et humides, riches en éléments nutritifs. Elle témoigne souvent d’une présence humaine actuelle ou passée, comme les bords de chemins, de maisons et d’alpages.

L’ortie est un excellent légume sauvage et aurait déjà été consommée depuis les populations préhistoriques jusqu’au XVe siècle. Elle est tombée dans l’oubli au XIXe pour connaître un regain d’intérêt ces dernières années.

Cueillette de l’ortie

Comment cueillir et manger une feuille d’ortie sans se piquer

Ses feuilles sont opposées et recouvertes de poils urticants qui sont en réalité des tubes creux terminés par un crochet en silice (c’est-à-dire en verre). Ils se cassent au moindre contact et injectent la fameuse substance urticante dans la peau. Si vous les observez bien, vous remarquerez qu’ils sont tous orientés : la pointe se dirige vers l’extérieur de la feuille.

Il est donc possible de cueillir une feuille et de la caresser sans casser les poils, donc sans se piquer ! Eh oui ! Les participants de mes cours sont souvent incrédules, mais il est même possible de manger une feuille crue, simplement en en faisant une boule et en la malaxant bien !

On cueille traditionnellement les quatre dernières feuilles de la tige, celles qui sont vert tendre. Dans la pratique, je cueille souvent aussi les feuilles plus âgées. Je prends garde tout de même à ne pas prélever les feuilles trop foncées dont la teneur en minéraux serait néfaste pour les reins.

J’ai remarqué que l’ortie pique plus par temps sec que par temps humide. Les jeunes feuilles sont également moins dangereuses.

Jeunes feuilles d'ortie, les tubes urticants sont bien visibles sur les feuilles et la tige. Cueilleurs Sauvages.
Jeunes feuilles d’ortie, les tubes urticants sont bien visibles sur les feuilles et la tige et sont orienté vers l’extérieur.

Cuisine à l’ortie

La réputation de la soupe d’ortie n’est plus à faire, mais l’ortie est aussi excellente cuite en légume à la façon des épinards, en tarte salée ou sucrée, ainsi que crue !

Osez la salade d’ortie, vous ne le regretterez pas !

Une bombe dans votre salade

La salade d’orties est une bombe nutritive ! Consommez-en régulièrement et vous éviterez certainement de tomber malade. Pour cela, repérez un joli champ d’orties, loin des chemins parcourus par les chiens. Pour prévenir les problèmes de parasites comme l’echinococcose, nous conseillons de laver dans 3 volumes d’eau successifs toute plante allant être consommée crue. Pour plus d’informations sur ce sujet, nous vous renvoyons à l’article que nous avons écris à ce sujet.

  1. Prélevez la quantité désirée pour votre salade avec des gants, ou sans pour les plus courageux 😉 Les quatre dernières feuilles sont plus tendres et doivent être vert clair.
  2. Lavez les feuilles soigneusement, hachez-les le plus finement possible. Vous pouvez également utiliser un robot mixeur. Les feuilles doivent être hachées aussi finement que pour faire un pesto, sinon gare aux piqûres sur la langue…
  3. Préparez une sauce à salade généreuse. La plante hachée doit être gorgée de liquide pour perdre son piquant.
  4. Dégustez ! Vous aurez un peu d’appréhension au début, c’est normal. Après la première bouchée, vous serez conquis.
Feuilles d'ortie dioïque
Feuilles d’ortie dioïque

7 fois plus de vitamines que l’orange

L’ortie est un aliment surprenant ! Ses feuilles sont riches en de nombreuses substances nutritives… et en grandes quantités ! Vitamines A et C, protéines, calcium, potassium, sodium, soufre, fer, silicium, manganèse, cuivre…

Tenez-vous bien ! L’ortie contient sept fois plus de vitamines que l’orange et trois fois plus de fer que les épinards !

Personnellement, j’en ai en abondance dans mon jardin et j’essaie d’en consommer toutes les semaines. C’est gratuit et largement supérieur au bio du commerce, alors pourquoi m’en priver ?

Les propriétés médicinales de l’ortie

Une pharmacie à elle toute seule

Les propriétés médicinales de l’ortie sont si vastes qu’elle mériterait une encyclopédie à elle toute seule. Tonique et nourrissante comme nous l’avons vu, elle est aussi digestive, dépurative (qui élimine les toxines), antihémorragique (en cas d’hémorragie) et antihistaminique (contre les allergies). Elle est utilisée en cas d’anémie, de rhumatismes, pour lutter contre les allergies saisonnières et en cure reminéralisante.

Infusion reminéralisante

Une infusion correctement dosée peut fournir jusqu’à 200 mg de magnésium par jour, soit environ la moitié de l’apport quotidien recommandé pour un homme.

  • Infuser 20 à 30 g de feuilles sèches, ou 100 g de feuilles fraiches dans 1 litre d’eau.
  • Filtrer et boire la tisane durant la journée.

Cette infusion peut également être prise en prévention des allergies saisonnières. Commencez à la prendre quotidiennement avant les épisodes allergiques et pendant.

Recette traditionnelle pour de beaux cheveux

Voici une recette traditionnelle utilisée pour faire croître les cheveux, enrayer leur chute et lutter contre les pellicules, le compagnon idéal pour votre pharmacie naturelle.

Préparez une alcoolature de racines d’ortie et d’origan :

  • Faites macérer durant 2 semaines 60 g de racines d’orties avec 60 g de feuilles d’origan dans 1 litre d’alcool à 50°
  • Placez le bocal dans un endroit à l’abri de la lumière
  • Veillez à ce que l’alcool recouvre bien toutes les plantes (lestez avec un objet plat et lourd si besoin)
  • Filtrez et presser le marc avec un presse-purée.

Diluez 3 cuillérées à soupe de l’alcoolature dans 250 ml d’eau et appliquez sur le cuir chevelu en massant pour faire pénétrer.

Teinture au racines d'ortie dioïque. Cueilleurs Sauvages.

Précautions concernant la consommation d’ortie

Si la plupart des cueilleurs pourrons consommer de l’ortie sans risque, il existe tout de même quelques précautions pour certaines populations. Il faut savoir que les références que nous avons trouvées concernant un usage médicinal.

Si vous vous reconnaissez, demander conseil à votre médecin avant d’utiliser ou consommer l’ortie et si vous êtes en bonne santé, il n’y pas lieu à s’inquiéter.

Métaux lourd: Il a également été démontré que l’ortie possède une grande capacité à accumuler certains métaux comme le plomb [8]. Il convient donc de ne pas la récolter dans les zones urbaines, les remblais ou tout site donc la nature du sol est suspecte. 

La sécurité pendant la grossesse et l’allaitement n’a pas été établie. En l’absence de données suffisantes, l’utilisation pendant la grossesse et l’allaitement n’est pas recommandée [10].

Effet hypotensif : L’ortie a montré des effets hypotensifs (baisse de la pression artérielle) chez les rats, particulièrement à des doses élevées. Cela peut indiquer des précautions à prendre pour les personnes souffrant d’hypotension ou prenant déjà des médicaments pour réguler leur pression artérielle [12].

Diurétique : L’ortie a montré un effet diurétique puissant, ce qui pourrait entraîner une perte d’électrolytes et une déshydratation si elle est utilisée de manière excessive. Les personnes ayant des troubles rénaux ou cardiaques devraient être prudentes avec son utilisation [13].

Interaction avec les médicaments : Les extraits d’ortie peuvent interagir avec certains médicaments, notamment ceux utilisés pour traiter les troubles de la prostate, l’hypertension et le diabète. Il est donc important de consulter un médecin avant d’utiliser l’ortie avec ces traitements [14].

Toxicité potentielle à haute dose : À des doses élevées, l’ortie peut avoir des effets toxiques, provoquant une baisse excessive de la pression artérielle ou des réactions rénales indésirables. Cela souligne l’importance de respecter les dosages recommandés [15].

Cystolithes : Toute la plante est urticante, mais non toxique. Certains auteurs indiquent toutefois une possible toxicité des vieilles feuilles, contenant des cystolithes qui sont des granules de carbonate de calcium pouvant se montrer irritantes pour les reins. Les personnes ayant des troubles rénaux ou qui ont une tendance a créer des calculs rénaux devraient donc s’abstenir de consommer les feuilles âgées (vert foncé et moins urtiquantes à ce stade) [11].

Et comme nous l’avons déjà mentionné, les recommandations concernant la consommation d’ortie crue sont les même que pour les autres plantes sauvages comestibles en ce qui concerne les risque de parasites.

Les informations données ici peuvent ne pas être suffisantes pour déterminer ou utiliser une plante avec sécurité. N’oubliez pas, au moindre doute abstenez-vous! Faites-vous conseiller par un guide professionnel, achetez de bon ouvrages de références et utilisez les applications de reconnaissance par photographie avec discernement. Sachez que nous organisons des cours sur les plantes sauvages comestibles, médicinales et toxiques régulièrement.

Références

[1] InfoFlora, Urtica dioica.
[2] Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Omnibus.
[3] François Couplan, Le régal végétal, Sang de la Terre, 2015.
[4] Jean Valnet, La Phytothérapie, Se soigner par les plantes, Le Livre de Poche, Editions Vigots, 2001
[5] Fleischauer, Guthmann, Speilgelberger, Plantes sauvages comestibles, 50 plantes essentielles et leurs usages, Ulmer, 2018
[6] Christophe Bernard, Altheaprovence, Ortie.
[7] Paul Bergner, The mineral content of herbal decoctions, Medical Herbalism 07-31-97 9(2): 6-8, http://medherb.com/Materia_Medica/The_Mineral_Content_of_Herbal_Decoctions_.htm
[8] GRUBOR, MILENA. Lead uptake, tolerance, and accumulation exhibited by the plants Urtica dioica and Sedum spectabile in contaminated soil without additives. Archives of Biological Sciences, 2008, vol. 60, no 2, p. 239-244.
[9] Dr. Eric Lorrain, Grand manuel de phytothérapie, Dunod, septembre 2019
[10] Assessment report on Urtica dioica L., Urtica urens L., folium , European Medicines Agency, 14 January 2010, EMA/HMPC/508013/2007, Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC)
[11] Schofield. J. J, Discovering Wild Plants – Alaska, W. Canada and the Northwest, Alaska Northwest Books, 2003
[12] Tahri, A., Yamani, S., Legssyer, A., Aziz, M., Mekhfi, H., Bnouham, M., & Ziyyat, A., Acute diuretic, natriuretic and hypotensive effects of a continuous perfusion of aqueous extract of Urtica dioica in the rat, Journal of ethnopharmacology, 73 1-2, 95-100 . https://doi.org/10.1016/S0378-8741(00)00270-1.
[13] Dar, S., Ganai, F., Yousuf, A., Balkhi, M., Bhat, T., & Sharma, P., Pharmacological and toxicological evaluation of Urtica dioica, Pharmaceutical Biology, 2013. 51, 170 – 180. https://doi.org/10.3109/13880209.2012.715172.
[14] Hryb DJ, Khan MS, Romas NA, Rosner W, The effect of extracts of the roots of the stinging nettle (Urtica dioica) on the interaction of SHBG with its receptor on human prostatic membranes, Planta Med, 1995 Feb;61(1):31-2. doi: 10.1055/s-2006-957993.
[15] Testai, L., Chericoni, S., Calderone, V., Nencioni, G., Nieri, P., Morelli, I., & Martinotti, E. (2002), Cardiovascular effects of Urtica dioica L. (Urticaceae) roots extracts: in vitro and in vivo pharmacological studies, Journal of ethnopharmacology, Volume 81, Issue 1 , June 2002, Pages 105-109

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