
Plantes sauvages dans cet article:
Les prunelles, fruits du prunellier, arbuste abondant et fréquent dans nos lisières de plaine et de moyenne montagne, parfument délicatement de nombreuses préparations. Leur cueillette et leur préparation demandent du labeur, mais quel délice !
Prunellier
Prunus spinosa (InfoFlora, TelaBotanica)Famille Rosacées
Floraison avril
Milieux Haies et lisières
Parties utilisées Fruits, feuilles
Utilisation Parfume les liquides: limonades, vins et liqueurs, gelées… lactofermentations.
⚠️ Précautions. Les noyaux de Prunus spinosa sont suspectés de contenir des composés capables de libérer du cyanure, ce qui peut présenter un danger en cas d’ingestion. Il est donc fortement déconseillé d’en consommer. Voir notes en fin d’article.
J’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Encore une belle expression populaire inspirée de la nature! Les prunelles désignaient autrefois la pupille, organe hautement important auquel nous tenons tous. Quel est le lien avec la prunelle, fruit du prunellier Prunus spinosa?
De premier abord, ce fruit est ingrat. Riche en tannins, il est tellement astringent que tout le monde fait la grimace à la première bouchée. Ce n’est pas tant le goût, mais la sensation qui est surprenante. Les tannins resserrent les tissus des muqueuses, asséchant ainsi la bouche quasi instantanément. Franchement pas très ragoûtant de premier abord. Cependant, si l’on sait la préparer, la prunelle dévoile un arôme très subtil. Elle fait effectivement partie des plantes qui nécessitent un peu de travail pour les apprécier à leur juste valeur. Et qui sait, avec le temps, peut-être tiendrez-vous aux prunelles comme à celle de vos yeux?
Reconnaître les prunelles
La première étape consiste à reconnaître ce fruit. Les prunelles poussent sur un arbuste, le prunellier, Prunus spinosa pouvant atteindre 3m de hauteur. Un arbuste est une plante qui n’a pas de tronc unique, il y en a plusieurs de petite à moyenne taille.
On l’appelle aussi épine noire ou épinette dû à la présence d’épines longues et nombreuses. Il convient de faire attention, car elles ont la réputation de facilement infecter les plaies du cueilleur maladroit… Les feuilles du prunellier font 2 à 4 cm de longueur et sont lancéolées. Elles apparaissent après les fleurs qui sont blanches et à 5 pétales, comme toutes les rosacées.
Le fruit est la partie qui nous intéresse le plus d’un point de vue de la cueillette. Il s’agit d’une drupe, un fruit charnu à noyau, de 6-12 mm et de couleur bleue presque noire. Elle a la particularité d’être recouverte d’une pellicule cireuse appelée pruine. Lorsque l’on passe le doigt dessus, la couleur change et s’assombrit.
Où trouver des prunelles?
C’est un arbre facile à reconnaître, présent dans toute la Suisse et la France, hormis en haute montagne. Son aire de répartition couvre une bonne partie de l’Europe.
Il pousse en lisière de forêt, dans les bocages et les haies. Cherchez-le en automne pour commencer, grâce à ses fruits. Vous apprendrez ainsi à reconnaître l’arbuste et ses feuilles. Ensuite, ce sera au tour de ses feuilles printanières. Ces dernières vous permettront de le reconnaître de loin et vous n’aurez qu’à revenir à l’automne pour cueillir les prunelles.
Risques de confusion
La prunelle peut être confondue avec d’autres fruits charnus bleus. La taille est un premier critère puisqu’elle est assez grande. À notre connaissance, le risque principal est avec le fruit de la belladone, Atropa bella-dona, qui a environ la même taille. Ceux-ci sont connus pour être très toxiques.
On fera la différence à la couleur noire et sans pruine bleue chez la belladone. De plus, il s’agit d’une baie et non d’une drupe, donc avec des pépins et non un noyau. Observez aussi les 5 bractées vertes (feuilles) en étoile à la base du fruit. Finalement, la belladone est une plante et non un arbuste.
Avec tous ces critères, vous ne devriez pas vous tromper.
Cueillir les prunelles
La cueillette des prunelles débute en septembre, mais se fait généralement d‘octobre à décembre. Avec les gelées, elles vont s’adoucir un peu, tout en restant très astringentes. C’est normal, il ne faudra pas vous arrêter à cela durant votre première récolte, vous risquez de passer à côté de quelque chose!
N’oubliez pas que les fruits sauvages sont une ressource pour de nombreux animaux, notamment les grives et les merles qui mangent les prunelles. Il faudra donc toujours en laisser derrière vous. Environ les 3/4 des fruits doivent rester en place, c’est un des principes de la cueillette durable.
On ne doit pas voir une seule trace de votre passage, ni vu ni connu ! C’est la devise du cueilleur qui prend soin de la terre. N’oubliez pas que chaque cueillette a un impact écologique et que ce n’est pas un geste anodin, qui doit être réalisé avec conscience et respect.
Si vous n’avez pas le temps d’utiliser votre récolte immédiatement, n’hésitez pas à la congeler. Les prunelles se conservent bien au congélateur. Vous aurez ainsi tout le temps de les préparer plus tard.
3 manières de les cuisiner
On l’a vu et certains l’ont testé, la prunelle est un fruit astringent contenant des tanins. Pas très sexy à cuisiner de premier abord… il va falloir enlever ces tannins !
Il y a trois méthodes que je connaisse pour arriver à nos fins:
- La chaleur: nous allons cuire notre récolte dans de l’eau (même quantité d’eau que de fruits). Après quelques dizaines de minutes, la chaleur aura détruit les tannins. Nous aurons ainsi un liquide que nous pourrons préparer en sirop, gelées, confitures, base de bouillons ou une fois refroidis en base d’une vinaigrette par exemple. Suivez la recette de la gelée d’aubépine, elle fera fureur avec des prunelles, ou pourquoi pas moitié-moitié !
- La macération à froid: nous plaçons nos prunelles dans de l’eau, mais cette fois froide. Et, nous laissons macérer durant plusieurs jours: 2,3,4 selon la quantité de fruits. Il suffit de goûter et quand cela vous plait, arrêter. Ainsi, les principes volatils seront extraits et conservés, mais il manque de l’énergie (la chaleur) pour extraire les tannins. J’utilise cette macération à froid comme base de limonades sauvages, kéfir, vin sauvages… Le goût est exquis. Vous pouvez suivre la recette de limonade aux baies de genièvres, et les remplacer par des prunelles.
- La lactofermentation: nous plaçons notre récolte dans une saumure en vue d’une lactofermentation. Ce procédé neutralisera les tannins et l’on pourra consommer les fruits sous forme de pickle ainsi que le jus de fermentation en base de vinaigrette par exemple.
Voilà vous savez tout, il ne reste plus qu’à passer à la pratique maintenant! ^^
Toxicité des prunelles
Le prunellier appartient au genre Prunus, dont les noyaux contiennent fréquemment du cyanure d’hydrogène. Par précaution, il est conseillé de limiter la consommation de ces noyaux, par exemple sous forme de farine, même si cette espèce n’a pas été spécifiquement étudiée.
Les graines et feuilles des Prunus renferment des glycosides cyanogéniques, principalement l’amygdaline et la prunasine, qui libèrent du cyanure lors de leur hydrolyse ; leur goût amer permet souvent de les identifier [2]. La concentration est généralement faible, mais une ingestion excessive peut provoquer des troubles graves, comme une insuffisance respiratoire, voire la mort, d’où l’importance de ne pas dépasser les quantités recommandées [3].
Il n’y a cependant aucun risque à consommer la chair, dont nous parlons dans cet article.
Découvrez de nombreuses recettes et astuce de reconnaissance des plantes sauvages dans mon premier livre:
Références
- [1] Caudullo, G., Welk, E., San-Miguel-Ayanz, J., 2017. Chorological maps for the main European woody.
- [2] Cho, H., , B., Shim, S., Kwon, H., Lee, D., Nah, A., Choi, Y., & Lee, S. (2013). Determination of Cyanogenic Compounds in Edible Plants by Ion Chromatography. Toxicological Research, 29, 143 – 147. https://doi.org/10.5487/TR.2013.29.2.143.
- [3] Michal, K., Andrzej, K., & Michał, T. (2018). Cyanide poisoning from an alternative medicine treatment with apricot kernels in a 80-year-old female.
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Gare de Lally, Parking, Blonay, Suisse.
Bonjour , je ne connaissais que la congélation ou les premières gelées pour adoucir les prunelles
Dans les Vosges il y a , en foret de la bourdaine
PETIT ARBUSTE DONNAT AUSSI DES PTITES BAIES NOIRES MAIS TOXIQUES
J’utilise le bois de bourdaine , qui est rose , pour fabriquer des bijoux et des boutons
Les forestiers le coupe simplement car il gène dans le passage
Je suis ravie de recevoir vos lettres
de l’article
Bonjour et merci de votre message ^^
Ah bin tiens ! Le prunellier… je ne connaissais pas cet arbuste jusqu’à cet été. J’emménage dans une maison, et sur le terrain il y a un arbuste à longues épines. Je cherche ce que c’est : un prunellier. Je ne savais pas que ses baies se mangent. La recette de confiture ou sirop me plaît, je vais l’essayer sous peu ^^
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redites nous ce que vous en pensez! ^^
Amitié
Michaël
Les oiseaux ont déjà tout mangé… 🙁 tant mieux pour eux, tant pis pour moi ! Je remets ça à l’année prochaine 🙂
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oui il en on bien besoin cette année ^^
bonjour,
Toujours pas reçus mon livre, il est en rupture?
commandé le 27/09/2021.
cordialement
éric
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Bonjour Eric,
Je ne gère pas les envois ni la distribution. Il vous faut demander à votre vendeur. Il n’est pas en rupture, mais cela dépend du distributeur.
Amitiés
Michaël
Merci pour vos merveilleux conseils
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Avec plaisir ^^
Amitiés
Michaël
Bonsoir,
C’est magnifique votre travail!!!! tous ces conseils, ces plantes, vraiment formidable!!!
Merci infiniment!!! je n’ai pas encore pu participer à vos sorties, mes problèmes de santé ne me facilitent pas la vie… mais je ne désespère pas!!!!
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Merci de votre commentaire, cela fait chaud au coeur!
Au plaisir de vous rencontrer!
Michaël
Bonjour, je viens d’emménager dans une jolie ferme dans le Tarn et sur mon terrain, j’ai des prunelliers. J’en suis ravie car c’est ma madeleine de Proust ! J’ai passé tous mes étés dans l’Ariège et notre plaisir c’était de cueillir les prunelles, les mûres et framboises
Comme je vais abattre quelques prunelliers, j’ai cueilli les prunelles et je vais les mettre au congélateur afin d’en faire, plus tard de la confiture.
Merci pour vos articles, je vais continuer à les lire
Cordialement
de l’article
Super belles cueillettes à vous! ^^
il y a plusieurs années que je fais de la confiture de prunelle!
je prends soin de les congeler deux ou trois fois avec décongélation lente entre deux. La plus grande amateur est Ines qui en apporte à sa très vieille maman tous les ans pour effacer autant que ça peu ses douleurs de vieille!!!
à la maison on la consomme en posant un quart de cuillère à café de confiture bien prise, agar agar, sur un fin morceau conté. + Whiskey ou rosé….
merci à vous pour votre humble et efficace correspondance
François
de l’article
Bonjour à vous deux,
Merci pour le partage de vos expériences gourmandes ^^
Amitiés
Michaël
Bonjour, j’ai un arbre sur le terrain que je viens d’acheter. Je pense que ce sont des prunelles mais un capable de le reconnaître et dans toutes les descriptions que j’ai pu lire le fruit ne correspond pas. C’est un peu cuit fruits rond comme une prune il n’est pas acide bon à manger des fin juillet, l’arabe à Fleury en mars après il a eu ses feuilles mais ça ressemble plus à un grand arbre qu’un buisson. Comment savoir si il est comestible les branches ont des épines. Merci d’avance.
de l’article
Bonjour,
Je n’arriverai pas à vous répondre de manière satisfaisante avec votre description. Je vous suggère de vous munir d’une bonne flore de terrain et de croiser les informations avec au moins deux applications mobile. Ainsi, vous devriez pouvoir reconnaitre votre arbre. Le prunelier n’est pas un buisson, mais un arbuste et peut faire 3m de hauteur.
Bonne chance!
Michaël