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Sondage: les ciguës vous font-elles peur?

Plantes sauvages dans cet article: 

Thèmes: 
Michaël Berthoud
/
5 mai 2023

Les ciguës sont des plantes toxiques dont certaines ressemblent fortement à des plantes comestibles. Voici les résultats du sondage que nous vous avions partagé avec une description des plantes que la plupart des cueilleurs s’abstiennent de récolter.

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Lors de la publication de l’article sur la reconnaissance des trois espèces de ciguës principales en Europe (grande ciguë, petite ciguë et ciguë vireuse), nous vous avions demandé de remplir un questionnaire pour en savoir plus sur vos connaissances de ces plantes et nous vous partageons aujourd’hui les résultats. Si vous ne l’avez pas encore lu, nous vous suggérons de commencer par la lecture de l’article sur les ciguës, pour bien comprendre de quoi il s’agit.

Le sondage a été ouvert à partir du 19 avril 2023 durant 7 jours, et vous avez été 149 à le remplir! Merci à celles et ceux qui ont participé 😀.

Cet article n’a pas pour but d’être exhaustif dans la description des plantes, mais d’être un point de départ pour vos recherches.

Connaissez-vous la ciguë?

Les deux premières questions que nous vous avons posées montrent que les personnes qui ont répondu au sondage et qui s’intéressent aux plantes sauvages comestibles connaissent quasi toutes la ciguë (à 99%) et qu’elles sont 80% à en avoir peur. C’est donc un sujet visiblement bien connu par les cueilleurs et qui génère une préoccupation certaine.

Cette préoccupation est d’ailleurs importante pour empêcher 70% d’entre vous de récolter certaines plantes sauvages. Cela montre une certaine prudence, que je trouve plutôt positive.

Cependant, si vous lisez ces lignes, cela signifie que vous vous intéressez à ces plantes toxiques. Et c’est justement ainsi, en récoltant de l’information avant de récolter des plantes, que vous progresserez et pourrez par la suite ramasser du cerfeuil ou de la carotte sauvage par exemple.

Les plantes comestibles que vous n’osez pas récolter à cause des ciguës

Passons en revue les différentes plantes que certains cueilleurs s’abstiennent de cueillir par peur d’une confusion avec une ciguë. Nous avons déjà écrit des articles complets pour certaines d’entre-elles, et pour les autres, cela viendra prochainement.

Le cerfeuil sauvage

La plante sauvage comestible qui vous fait le plus peur à récolter à cause des ciguës est le cerfeuil sauvage, ou cerfeuil des bois, Anthriscus sylvestris. Vous êtes 84% à ne pas le récolter. C’est effectivement la plante qui ressemble le plus aux grandes et petites ciguës et qui n’a pas de signe distinctif majeur et très visible. Pour reconnaître le cerfeuil, il faut cumuler divers petits détails qui, pris ensemble, permettent une reconnaissance fiable. Mais ne vous fixez pas sur cette plante, il y en a beaucoup d’autres plus faciles à reconnaître, et même plus intéressantes gustativement. Je garde néanmoins en tête l’idée d’écrire un article sur cette plante prochainement.

Pour tout savoir sur la reconnaissance sûre du cerfeuil sauvage, faites un tour sur son article complet.

La carotte sauvage

Ensuite vient la carotte sauvage, Daucus carota, à 63%. La carotte sauvage est plus facile à reconnaître que le cerfeuil, car elle a plus de signes distinctifs. Premièrement, elle est très velue contrairement aux trois ciguës. Deuxièmement, les fleurs et les fruits sont très typiques: l’ombelle contient une petite fleur stérile noire en son centre et les fruits sont crochus. Repérer des champs de carotte sauvage en été, puis revenir à l’automne ou au printemps pour les racines sera une bonne manière de procéder pour se familiariser avec la carotte sauvage.

Carotte sauvage, Daucus carota, et sa fleur noir stérile au centre de l'ombelle.
Carotte sauvage, Daucus carota, et sa fleur noire stérile au centre de l’ombelle.

Le carvi ou cumin des prés

En troisième position, quasi ex-aeco avec la carotte, nous retrouvons le carvi ou cumin des prés, Carum carvi à 62%. Le carvi est une plante dont les fruits ont un goût exquis similaire au cumin cultivé. Les feuilles du carvi sont plus petites que les ciguës et leurs segments plus fins. Il y a une autre astuce que je viens de rajouter à l’article sur les ciguës pour faire la différence sans les fleurs. La petite et la grande ciguë ont un pétiolule, un petit “bout de tige” entre l’axe principal de la feuille et les segments latéraux (regardez attentivement les illustrations de l’article). Ceci permet de faire la différence avec le carvi, dont les segments latéraux sont collés à l’axe principal de la feuille. De plus, les segments latéraux forment une croix au niveau de leur insertion sur le rachis (l’axe de la feuille).

Les segments inférieurs de la feuille de carvi forment une croix au niveau de leur insertion sur l'axe de la feuille.
Les segments inférieurs de la feuille de carvi forment une croix au niveau de leur insertion sur l’axe de la feuille.
Berce des prés, Flora Vegetativa
Berce des prés, Heracleum sphondylium, Flora Vegetativa.

La berce des prés

Ensuite, on retrouve la berce des prés, Heracleum sphondylium, à 36%. En théorie, cette plante ne devrait pas pouvoir être confondue avec les ciguës puisque ses feuilles ont des segments pleins et non finement découpés et qu’elle est fortement velue. Vous êtes cependant un certain nombre à ne pas la récolter. J’ai l’impression, en parlant avec certaines personnes durant nos stages, que beaucoup de personnes mettent dans le même panier toutes les ombellifères, en gros, toutes les plantes qui font des ombelles blanches. Cependant, observez la plante en entier. Les feuilles des berces sont très différentes de celles des ciguës, comme le montre cette illustration tirée du Flora Vegetativa.

Ou alors est-ce pour une autre raison? Dans ce cas, dites-le-nous en commentaires!

L’égopode

Égopode, Flora Vegetativa
Égopode, Aegopodium podagraria, Flora Vegetativa.

Vous êtes 24% à ne pas récolter l’égopode, Aegopodium podagraria. Ici, la recommandation sera la même que pour la berce. On regarde les feuilles attentivement. Chez l’égopode, elles sont divisées en trois parties, elles-mêmes divisées en trois (parfois en deux pour les deux segments inférieurs). Rien à voir avec les petites et grandes ciguës. Cependant, si vous observez l’illustration de la ciguë vireuse, vous remarquerez que les jeunes feuilles peuvent présenter une géométrie similaire. On se rappellera dans ce cas que cette dernière est une plante aquatique et non terrestre.

Achillée millefeuille et reine-des-prés

Finalement, on retrouve l’achillée millefeuille, Achillea millefolium et la Reine-des-prés, Filipendula ulmaria, les deux à 0.8% (1 personne).

Contrairement à ce qui semble de premier abord, l’achillée n’est pas une apiacée, mais une astéracée. Cela dit, ses petits capitules blancs réunis en corymbe ressemblent très fortement à une ombelle. De plus, ses feuilles sont finement ciselées, d’où la crainte d’une confusion avec une ciguë. Vous êtes très peu à l’avoir mentionné dans le sondage, mais c’est tout de même une crainte qui revient souvent dans nos stages. Les différences majeures sont la taille de la feuille (elles font 4-5 cm de largeur maximum chez l’achillée), le pourtour général de la feuille qui n’est pas triangulaire (les deux bords du limbe étant quasi parallèles) et les segments collés au rachis (sans pétiolule “petit bout de tige”).

Concernant la reine-des-prés, les feuilles sont très différentes des trois espèces de ciguës: elles sont pennatiséquées 1 seule fois alors que chez les ciguës elles le sont entre 2 (ciguë vireuse) et 3-4x (grande et petite ciguës), d’où l’aspect ciselé de ces dernières rappelant le persil.

Savez-vous si une espèce de ciguë pousse autour de chez vous?

Une question dont je me réjouissais d’avoir la réponse était de savoir si vous savez si une espèce de ciguë pousse chez vous ou pas. Vous êtes 40% à ne pas savoir si elle pousse près de chez vous. Cela signifie que vous vous inquiétez sans savoir si le risque est valable pour votre région. J’aime insister sur l’utilité des sites web Infoflora pour la Suisse et Telabotanica pour la France, qui vous permettent de connaître de nombreuses informations utiles sur quasi toutes les espèces de notre flore. Et elles contiennent des cartes de répartition libres d’accès. Dans notre article sur les ciguës, nous avons intégré des cartes mondiales pour ces trois espèces toxiques. Elles vous indiqueront si vous vous trouvez dans une région concernée par ces espèces.

Se renseigner sur les milieux et l’écologie d’une plante est mon premier réflexe lorsque je m’intéresse à une plante que je ne connais pas. Cela évite de longues et inutiles recherches sur le terrain, voire dans certains cas, de s’inquiéter pour rien.

Que vous manque-t-il pour prendre confiance?

Pour la dernière question, je remarque maintenant que j’aurais pu également faire un choix multiple. Néanmoins, en parcourant vos réponses, il en ressort très souvent que le fait de pouvoir observer les ciguës sur le terrain serait ce qu’il vous manque pour prendre confiance. Cela me donne beaucoup d’envie de monter un cours de ce type, durant lequel nous pourrions observer les ciguës ainsi que les plantes comestibles qu’on vient de citer durant la même sortie.

Malheureusement, je ne connais pour l’instant pas de lieu où elles seraient toutes présentes puisqu’elles ont des écologies différentes. Mais je vais me renseigner auprès d’amis botanistes afin de créer ce cours pour les saisons à venir ^^

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